L’univers magritien : entre ombre et lumière
Il puise son inspiration dans ses rêves, dans les personnages qu’il croise dans son sommeil. Décrit comme « pessimiste » par sa femme Georgette, il inclut en effet dans ses compositions des éléments quelque peu lugubres : espaces vides, atmosphères désertes, du sang, le motif de l’oiseau mort, des scènes meurtrières… Comme énoncé précédemment, la mort est apparue très tôt dans sa vie avec la perte de sa mère. Dans Les Amants, célèbre œuvre de 1928, un voile cache le visage de ces deux personnages. Certains historiens de l’Art y ont vu un écho au drap que sa mère portait sur elle lorsqu’elle a été retrouvée morte. Dans son œuvre Au-delà, il représente un cercueil isolé dans un univers désert.
Si l’artiste use d’éléments sombres dans son œuvre, il utilise aussi des objets du quotidien ainsi que des éléments oniriques : des ciels clairs, des nuages, des oiseaux, des arbres, des feuilles, des fenêtres, des œufs ou encore des cages. Comme nombre de ses amis, il s’intéressait à la poésie qu’il n’a pas hésité à utiliser dans ses œuvres. En 1929-31, il réalise La Géante qui irrite fortement le spectateur car les rapports de proportions ne correspondent pas aux expériences visuelles habituelles. Étrangers l’un et l’autre, une femme nue et un tout petit homme en complet noir se font face dans un salon bourgeois. Un poème intitulé La Géante y figure. Ici, le peintre belge transforme un extrait des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.
C’est à Bruxelles en 1967 que le peintre s’éteint. Bien qu’il ait connu le succès de son vivant, c’est son héritage qui fera sa gloire. Des générations d’artistes se sont inspirées de son univers. Ainsi, les deux versions cinématographiques de L’Affaire Thomas Crown (1968) et 1999) font-elles directement allusion à sa peinture intitulée Le Fils de l’homme (1964), qui montre un homme en chapeau melon dont le visage est dissimulé par une énorme pomme. Plusieurs musiciens vont la reprendre sur leurs pochettes d’album, tel que le Groupe Styx, qui choisit Le Blanc-seing (1965) pour illustrer son album The grand illusion (1977).
Aujourd’hui, Magritte ne cesse d’inspirer aussi bien la mode que la publicité. De nombreux artistes lui empruntent son vocabulaire pictural.
Une exposition aux Musées Royaux de Bruxelles qui a rassemblé des œuvres de Dalí et de Magritte du 11 octobre 2019 au 9 février 2020 a eu lieu. Du 10 février au 21 juin 2021 aura lieu une exposition dédiée à l’artiste au Musée de l’Orangerie sur le thème de Magritte en plein soleil, « La période Renoir » 1940-1947.
Allez écouter une émission qui est dédiée à l’artiste sur France Culture