expostion temporaire dali tonio oh

Dali et la photographie…

Si Dali est mis à l’honneur à Dali Paris pour son œuvre picturale, graphique et sculpturale, il nous semblerait incomplet d’ignorer sa fascination pour la photographie, dont il fait fréquemment usage dans ses collages, mais aussi dans ses collaborations avec Man Ray, Brassaï ou Cecil Beaton. Certes Dali est le sujet de nombreuses photographies, particulièrement de Robert Descharnes et Enrique Sabater, et même sa signature en forme de couronne est directement inspirée du fameux Milk Spout de Harold Edgerton, première utilisation du stroboscope dans la photographie en 1936.

Mais l’intérêt de Dali pour la diffraction du temps ne s’arrête pas au symbole, il est aussi à l’origine d’une référence de l’imaginaire collectif : Dali Atomicus. Ce cliché réalisé avec Philippe Halsman, en 1948, pour le magazine Life où tout semble être en suspension : chats, chaise, eau, Dali lui-même apparaît d’une incroyable spontanéité. Pourtant des heures de travail et de nombreux essais infructueux se cachent derrière cet instant magique. Présentant en arrière-plan l’huile Leda Atomica, cette photographie est révélatrice de la passion de Dali pour la science, dans le contexte de peur atomique d’après-guerre. Elle illustre la conception atomique dalinienne : « Tout doit être en suspension comme dans un atome ».

« Dans un premier temps, Dali utilise l’image photographique comme une instance médiatrice qui lui permet de contrôler ses pulsions et de définir précisément les objets. Elle alimente ensuite son activité paranoïaque-critique et favorise son exploitation du concept de comestibilité. Elle assure enfin la réification de l’artiste et la diffusion de son image théâtralisée dans la presse. Les photographies, au service de la construction de l’identité comme de l’art de Dali, acquièrent ainsi une valeur, concrète ou métaphorique, de portraits. » (Aufraise, 2013)

Cette interpénétration de la science et de l’art se retrouve dans le travail de Seung Hwan OH. Photographe féru de science, cet artiste coréen prend en premier lieu des portraits (puis des nus) fixant ainsi sa vision. Puis il matérialise la distorsion du temps. La matière semble déchirée, altérée. Cette transformation du réel ne vient pas d’une transformation digitale, mais bien d’une action naturelle. Les photographies sont plongées dans un bain de moisissures et de bactéries qui « se nourrissent » du réel pour le métamorphoser et transfigurer ces personnages dans un univers à la fois psychédélique de par ses couleurs, mais aussi anxiogène – l’ère atomique a laissé place à l’ère bactériologique -. Ainsi, selon l’artiste, c’est ce qui disparait qui créé l’image, interrogeant ainsi que ce qui persiste, une thématique obsessionnelle de l’immortalité de l’œuvre artistique face à l’impermanence de la beauté physique.

De l’imaginaire d’Alice aux pays des merveilles à l’angoisse des œuvres de Francis Bacon présentées conjointement, les photographies de Seung Hwan OH intensifient les couleurs d’un dialogue artistique dramaturgique.